Watchmen (2009)

Réalisé par Zack Snyder, avec Jackie Earle Haley, Patrick Wilson, Billy Crudup...




Dans cette rubrique “Super-Héros”, j’avais vraiment hâte de consacrer un premier article à une adaptation d’Alan Moore. Watchmen, sorti en 2009, est, au même titre que V pour Vendetta, une bouffée d’oxygène incroyable pour ce genre de films. Ca fait bien 10 ans que chaque année sort un nouveau volet de X-Men, Spiderman, Thor, Les 4 fantastiques ou autre Iron-Man... Tout en essayant de ne pas tomber dans de vaines généralités, je dirais que les scénarios, les acteurs et les effets spéciaux se ressemblent tous un peu et on se lasse bien vite quand on y plonge d’un coup. Bien sûr on pourrait dire que Frank Miller procure le même effet salvateur. Mais je trouve personnellement Sin City bien plus « m’as-tu-vu » dans son esthétique et son casting.
 Heureusement, Alan Moore, depuis l’adaptation un peu cruche mais très plaisante de ses gentlemens extraordinaires, vient mettre un peu de son lyrisme poétique, bercé d’un fatalisme troublant là-dedans. Inutile de dire que Watchmen n’échappe pas à la règle.



Nous sommes en 1985. Les années glorieuses des super-héros sont désormais révolus. La guerre froide est à son apogée, et Nixon attaque son troisième mandat. La ville est noire, criminelle et un certain chaos semble se répandre dans les ruelles sombres. Je n’en dirai pas plus sur le cadre, il est indispensable de le voir pour l’assimiler. Tenter de le décrire serait un échec. D’une part parce que je ne pourrais pas retranscrire ce qui transpire du film. D’autre part, parce que l’effet de surprise serait quand même gâcher.

Les Watchmen sont une assemblée de super-héros qui sévit au cours de la guerre du Viet-Nam. Il est maintenant question de savoir ce qu’ils deviennent. C’est là le brio d’Alan Moore. Les Stan Lee, Bob Kane et consorts ont créé de superbes héros, mais ils ont, pour la plupart, oublié de les faire mourir. Se pose alors la question de savoir ce qu’ils deviendront, en vieillissant. Mais aussi, quel est l’héritage qu’ils laisseront. Voilà, à mon avis, la véritable question que pose ce film, celle de l’héritage.

La photographie est superbe, tant le désir constant de rester proche de la BD est fort. Les plans sont symétriques, en plongée. En gros, tout est d’une esthétique très travaillée et, par moments, on aperçoit clairement les vignettes se dessiner à l’écran. Je suis convaincu que la plupart des fans absolus du graphic novel trouveront beaucoup à redire de cette version hollywoodienne, mais je viens en paix. Je ne regarde que le film et, même si c’est dù à 95% à la qualité du scénario dont il s’inspire, ce film est à mes yeux une grande réussite.
 

Bien sûr, les Watchmen sont des héros torturés. On ne les appelle héros que parce que c’est le nom qu’on donne généralement aux personnages avec des pouvoirs et un déguisement. En fait, ce sont un peu des salauds. 

On suit globalement l’avancée du scénario par le biais du journal de Rorschach, héros dérangé, traumatisé par le cadavre d’une fillette dévoré par des chiens sous ses yeux. L’expression qui le décrirait le mieux serait peut-être celle d’un justicier cruel. Oui il tue, il n’hésite pas à massacrer même, mais c’est pour réparer une injustice qu’il abhorre. 
Il y a le Dr Manhattan, victime d’un « accident électrique », son corps s’est entièrement désuni, pour finalement parvenir à se recomposer avec des particules électriques. Cela lui donne des pouvoirs extrêmes, le temps n’est plus pour lui qu’une simple ligne sur laquelle il se déplace. Il connaît donc le futur. Il peut aussi se déplacer à sa guise dans l’espace et être à plusieurs endroits en même temps. En fait, il perd contact avec toutes les limites qui définissent l’homme et ça l’amène à renoncer peu à peu à son humanité.
Il y a également quelques personnages un peu plus communs, parce qu’il faut quand même que l’on puisse s’identifier. Ce sont d’anciens héros qui tentent aujourd’hui simplement de mener une vie normale. C’est à travers eux que l’on suit le film, en dehors du journal de Rorschach. 



Enfin, il y a Adrian Veidt, qui, grosso modo, s’est reconverti dans la finance et qui est à la tête d’une grosse entreprise. Comme le prouve le virage qu’il a donné à sa vie, Adrian « Ozymandias » Veidt est avide d’un certain profit. Là où les autres se sont détachés du commun des mortels, ou tentent tant bien que mal de s’en rapprocher, lui, « le plus intelligent des hommes », a su observer cette race humaine et s’y adapter de la façon qui lui serait la plus profitable. La morale que va tirer ce film est toute contraire à ce qu’on peut attendre d’un film de super-héros « made in USA ». Au lieu de punir et de pointer du doigt ce salaud qui veut exploiter les hommes, on va lui offrir tout simplement la survie de l’humanité...
Et, quand on y réfléchit, c’est plein de bon sens, parce que c’est le seul qui a tenu compte de ces hommes, qui n’a pas tenté d’y échapper ou de s’y noyer à défaut de mieux.
C’est lui qui a « fait avec » et qui les a pris en compte. C'est donc à lui qui revient naturellement la tâche de nous sauver.



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