Dans cette rubrique “Super-Héros”, j’avais
vraiment hâte de consacrer un premier article à une adaptation d’Alan Moore. Watchmen, sorti en 2009, est, au même
titre que V pour Vendetta, une
bouffée d’oxygène incroyable pour ce genre de films. Ca fait bien 10 ans que
chaque année sort un nouveau volet de X-Men,
Spiderman, Thor, Les 4 fantastiques
ou autre Iron-Man... Tout en essayant
de ne pas tomber dans de vaines généralités, je dirais que les scénarios, les
acteurs et les effets spéciaux se ressemblent tous un peu et on se lasse bien
vite quand on y plonge d’un coup. Bien sûr on pourrait dire que Frank Miller procure
le même effet salvateur. Mais je trouve personnellement Sin City bien plus « m’as-tu-vu »
dans son esthétique et son casting.
Heureusement, Alan Moore, depuis
l’adaptation un peu cruche mais très plaisante de ses gentlemens
extraordinaires, vient mettre un peu de son lyrisme poétique, bercé d’un
fatalisme troublant là-dedans. Inutile de dire que Watchmen n’échappe pas à la règle.
Nous sommes en 1985. Les années glorieuses
des super-héros sont désormais révolus. La guerre froide est à son apogée, et Nixon
attaque son troisième mandat. La ville est noire, criminelle et un certain
chaos semble se répandre dans les ruelles sombres. Je n’en dirai pas plus sur
le cadre, il est indispensable de le voir pour l’assimiler. Tenter de le
décrire serait un échec. D’une part parce que je ne pourrais pas retranscrire ce
qui transpire du film. D’autre part, parce que l’effet de surprise serait quand
même gâcher.
Les Watchmen
sont une assemblée de super-héros qui sévit au cours de la guerre du Viet-Nam.
Il est maintenant question de savoir ce qu’ils deviennent. C’est là le brio
d’Alan Moore. Les Stan Lee, Bob Kane et consorts ont créé de superbes héros,
mais ils ont, pour la plupart, oublié de les faire mourir. Se pose alors la
question de savoir ce qu’ils deviendront, en vieillissant. Mais aussi, quel est
l’héritage qu’ils laisseront. Voilà, à mon avis, la véritable question que pose
ce film, celle de l’héritage.
La photographie est superbe, tant le désir
constant de rester proche de la BD est fort. Les plans sont symétriques, en
plongée. En gros, tout est d’une esthétique très travaillée et, par moments, on
aperçoit clairement les vignettes se dessiner à l’écran. Je suis convaincu que
la plupart des fans absolus du graphic
novel trouveront beaucoup à redire de cette version hollywoodienne, mais je
viens en paix. Je ne regarde que le film et, même si c’est dù à 95% à la
qualité du scénario dont il s’inspire, ce film est à mes yeux une grande
réussite.
Bien sûr, les Watchmen sont des héros torturés. On ne les appelle héros que parce
que c’est le nom qu’on donne généralement aux personnages avec des pouvoirs et
un déguisement. En fait, ce sont un peu des salauds.
On suit globalement l’avancée du scénario
par le biais du journal de Rorschach, héros dérangé, traumatisé par le cadavre
d’une fillette dévoré par des chiens sous ses yeux. L’expression qui le décrirait
le mieux serait peut-être celle d’un justicier cruel. Oui il tue, il n’hésite
pas à massacrer même, mais c’est pour réparer une injustice qu’il abhorre.
Il y a le Dr Manhattan, victime d’un
« accident électrique », son corps s’est entièrement désuni, pour
finalement parvenir à se recomposer avec des particules électriques. Cela lui
donne des pouvoirs extrêmes, le temps n’est plus pour lui qu’une simple ligne
sur laquelle il se déplace. Il connaît donc le futur. Il peut aussi se déplacer
à sa guise dans l’espace et être à plusieurs endroits en même temps. En fait,
il perd contact avec toutes les limites qui définissent l’homme et ça l’amène à
renoncer peu à peu à son humanité.
Il y a également quelques personnages un peu plus communs, parce qu’il faut quand même que l’on puisse s’identifier. Ce sont d’anciens héros qui tentent aujourd’hui simplement de mener une vie normale. C’est à travers eux que l’on suit le film, en dehors du journal de Rorschach.
Il y a également quelques personnages un peu plus communs, parce qu’il faut quand même que l’on puisse s’identifier. Ce sont d’anciens héros qui tentent aujourd’hui simplement de mener une vie normale. C’est à travers eux que l’on suit le film, en dehors du journal de Rorschach.
Enfin, il y a Adrian Veidt, qui, grosso
modo, s’est reconverti dans la finance et qui est à la tête d’une grosse
entreprise. Comme le prouve le virage qu’il a donné à sa vie, Adrian
« Ozymandias » Veidt est avide d’un certain profit. Là où les autres
se sont détachés du commun des mortels, ou tentent tant bien que mal de s’en
rapprocher, lui, « le plus intelligent des hommes », a su observer
cette race humaine et s’y adapter de la façon qui lui serait la plus profitable.
La morale que va tirer ce film est toute contraire à ce qu’on peut attendre d’un
film de super-héros « made in USA ». Au lieu de punir et de pointer
du doigt ce salaud qui veut exploiter les hommes, on va lui offrir tout
simplement la survie de l’humanité...
Et, quand on y réfléchit, c’est plein de bon sens, parce que c’est le seul qui a tenu compte de ces hommes, qui n’a pas tenté d’y échapper ou de s’y noyer à défaut de mieux.
C’est lui qui a « fait avec » et qui les a pris en compte. C'est donc à lui qui revient naturellement la tâche de nous sauver.
Et, quand on y réfléchit, c’est plein de bon sens, parce que c’est le seul qui a tenu compte de ces hommes, qui n’a pas tenté d’y échapper ou de s’y noyer à défaut de mieux.
C’est lui qui a « fait avec » et qui les a pris en compte. C'est donc à lui qui revient naturellement la tâche de nous sauver.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire