SUPERMAN (1978)



Réalisé par Jerry Spiegler, avec Christopher Reeve, Marlon Brando, Gene Hackman…



Synopsis : Alors que la planète Krypton est proche d’exploser, Jor-El et sa femme décident d’envoyer leur fils, Kal-El, sur la planète Terre, dont les habitants sont bien moins évolués que ceux de Krypton, pour le sauver d’une mort certaine. A son arrivée sur Terre, il est recueilli par Martha et Jonathan Kent, qui le baptisent Clark. Son enfance, marquée par la mort de Jonathan, se déroule à peu près normalement. Au terme de ses études, il part vivre à New York pour travailler au Daily Planet. Alors que le terrible Lex Luthor menace la ville, il décide d’utiliser ses pouvoirs et ses forces supérieures pour protéger les habitants et faire régner la justice…

Qu’on se le dise d’entrée, ce film a tout du navet. Surproduction hollywoodienne au pire des sens du terme, il met en scène un héros fade, par le biais d’un scénario mille fois revu. Les acteurs sont mauvais (même les bons), pas même beaux, et il dure bien trop longtemps (2h30). 

Et puis, Superman a toujours été le super-héros le moins passionnant… 
Peut-être parce que quand Spiderman tombe un peu trop dans le bizu éxagéré et Batman dans le milliardaire gentleman qui a la classe, Superman n’arrive pas à se décider entre son attitude de premier de la classe et son physique de quarterback vedette du lycée. Peut-être parce que, vu qu’il vient d’une autre planète, c’est un super-héros auquel il est bien plus difficile de s’identifier. Toujours est-il que, au cinéma, son côté fait sur-mesure et naturellement supérieur aux hommes, a toujours créé une certaine distance, et dégagé une niaiserie de bonté telle que l'on se lasse bien vite de ses petites aventures.

Néanmoins, si l'on parvient à faire abstraction ou à adopter ces aspects-là, le film est assez plaisant à regarder. Le côté grosse potiche de Christopher Reeve lui donne un capital sympathie énorme et s’accorde harmonieusement avec le côté grosse potiche de Lois. La coupe de cheveux de Marlon Brando étonne, surprend et amuse, bien avant de discréditer Jor-El. Et Gene Hackman en Lex Luthor, pas aidé non plus par le texte qui le fait répéter qu’il est « le plus grand esprit criminel du siècle » une dizaine de fois, nous est là aussi bien plus sympathique qu’antipathique. On est presque étonné qu’il y ait des morts dans ce film, qui semble être une bonne comédie à base de pouvoirs magiques.

Si l’on regarde ce qu’il y a derrière le film, dans les studios, on est en revanche bien loin de la rigolade.
Avec un budget de 55 000 000 de dollars (dont 4 pour Marlon Brando et ses 10 minutes de prestation…), le tournage ne dura pas loin de deux ans (19 mois). C’est John Williams, qui s’était démarqué deux ans plus tôt avec la composition des thèmes magistraux et intemporels de La Guerre des étoiles, qui signe la musique (là aussi, bien fade et déjà entendue mille fois).
Du côté des effets spéciaux, un fois encore, le ridicule amuse, avant de discréditer. Quand on pense que Star Wars est sorti deux ans plus tôt, avec un budget bien plus réduit, on se demande  un peu ce qu’il s’est passé. Certains sont réussis, aucun n’est véritablement crédible, mais la plupart sont amusants.

Globalement, on regrettera que le film soit aussi long (notamment le générique d’introduction et, de manière plus générale toute la première partie sur Krypton). Pour le reste, tout dépendra de la patience et de l'humour de chacun.




LE FANTOME DE L'OPERA (1925)

Réalisé par Rupert Julian, avec Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry, Arthur Carewe, Gibson Gowland...



Le fantôme de l’Opéra est un film muet adapté du roman du même nom écrit par Gaston Leroux. Il est sorti en 1925 et a été réalisé par Rupert Julian. C’est pour nous l’occasion de présenter pour la première fois ici un acteur qui reviendra probablement très souvent tant il a marqué l’histoire du cinéma en général, et celle du fantastique en particulier : Lon Chaney. Deux ans plus tôt, il avait interprété le rôle de Quasimodo dans le Notre-Dame de Paris de Wallace Worsley. Le film a rencontré un succès tel que l’on a fait appel à lui pour reproduire une situation un peu similaire de « belle et la bête » en lui accordant le rôle d’Erik, le fantôme, héros du film. A bon essien puisque Le Fantôme de l’Opéra a été un des plus gros succès commerciaux des années 1920. On retrouve également Lon Chaney en maquilleur pour le film, ce qui est assez impressionnant au vu de la qualité des maquillages proposés tout au long du film, en particulier sur son propre personnage.

Un curieux individu sème le trouble au sein de l’Opéra de Paris quand il jette son dévolu sur Christine, la doublure de l’actrice principale de Faust, qui est à ce moment représenté. Il terrorisera acteurs, spectateurs et organisation jusqu’à ce que sa protégée ne tienne les premiers rôles et ne soit adulée par tout Paris. Ce fantôme crée une bulle de mystère autour de lui, il effraie, et il intrigue. On le voit sous forme d’ombre, face au mur dictant sa loi aux autorités de l’Opéra. Un jour, il enlève Christine et l’emmène dans les catacombes, où il vit depuis le Seconde Révolution. C’est alors que l’on découvre un personnage intriguant qui se révèle petit à petit mi-terrifiant, mi-désespéré, tantôt cruel, tantôt tendre, mais toujours touchant (grâce notamment au jeu superbe et très juste de Lon Chaney).

Le film occupe aujourd’hui un tel statut de reconnaissance qu’il est difficile d’en faire une critique objective. C’est en tout cas un bijou d’esthétisme, la demeure que s’est aménagée le fantôme dans les catacombes est d’un gothique parfaitement mis en valeur par l’image noir et blanc abîmée inévitable de cette époque.
La musique, signée Gustav Hinrichs et Sam Perry, seule interaction sonore avec le spectateur, dicte à merveille l’intensité vallonnée désirée et suggérée par la mise en scène de Rupert Julian.

On trouve également dans ce film le « mad Bal Masqué » de l’Opéra de Paris, qui impose et résume l’esthétique de ce film à lui seul, par son jeu d’identités cachés et de quiproquos comme le cinéma muet savait si bien en offrir. Les 30 dernières minutes dans les catacombes sont une incroyable réussite et justifient à elles seules le statut occupé par ce film, qui a été repris de nombreuses fois depuis, et a inspiré des grands chefs-d’œuvre hollywoodiens, comme Phantom of the Paradise.

Réécriture de Faust, chronique de l’aliénation d’une masse face à un monstre incompris, peu importe l’angle sous lequel on le regarde, Le Fantôme de l’Opéra est un film débordant d’humanité… mais d’une grande tristesse.

LA GUERRE DES MONDES (1953)

Réalisé par Byron Haskin, avec Gene Barry, Ann Robinson, Paul Frees...



La Guerre des Mondes est un film réalisé par Byron Haskin et produit par George Pal. Le scénario est adapté de la nouvelle du même nom, de H. G. Wells, par Barré Lyndon. Le film ouvre une série de plusieurs adaptations de l’auteur, par George Pal. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films de science-fiction des années 1950 et a gagné trois Academy Awards, dont un pour ses effets spéciaux futuristes remarquables.

On remarque certaines différences avec la nouvelle d’H. G. Wells. L’action est déplacée de l’Angleterre victorienne à l’Amérique des années 50, par exemple, pour citer la plus « grosse ». Il y a une évolution au cours du film sur l’impact du sacré sur les extra-terrestres, qui, insensibles à la prière du pasteur au début du film, finissent par être symboliquement détruits par un contact direct avec l’église dans laquelle sont réfugiés les habitants.

Aujourd’hui, le film est devenu culte parce qu’il marque une avancée dans la représentation de l’architecture extra-terrestre. Afin d’éviter la soucoupe volante classique, George Pal et son équipe ont fait appel à Al Nozaki pour designer les vaisseaux martiens, qui s’inspirent de la forme des raies-mantas et ont été fabriquées à base de cuivre pour le film.
Les scènes tournées en présence du martien à la tête tricolore ou de son vaisseau ont absorbé près de 70% du budget général du film. Le son des rayons-laser tirés par les vaisseaux est le produit de la superposition de trois pistes de guitare électrique jouées à l’envers. L’importance accordée à ces détails des composants extra-terrestres permet de redéfinir l’identité martienne dans l’inconscient hollywoodien ; identité qui sera reprise et conservée dans les grands succès à venir.

De nombreuses lignes ont été écrites sur ce film par des personnes bien mieux renseignées et bien plus érudites, le mieux est donc de s’arrêter à cette brève présentation et d’en recommander le visionnage au plus vite !

MINORITY REPORT (2002)

Réalisé par Steven Spielberg, avec Tom Cruise, Kathryn Morris, Colin Farrell...



Minority Report est un film réalisé par Steven Spielberg, sorti en 2002. Le scénario est basé sur la nouvelle du même nom, écrite par Philip K. Dick et publiée dans le magazine Fantastic Universe, en janvier 1956.

Nous sommes en 2054, l’officier John Anderton dirige les opérations du département Precrime. Son objectif est d’arrêter les futurs meurtriers avant qu’ils ne passent à l’acte. A l’origine de ce nouveau département, il y a les trois Precogs, adolescents hypnotisés, plongés dans un bain, et oracles des crimes à venir. Chacune de leur vision engendre une boule rouge qui désigne la victime et une boule marron qui désigne le tueur, puis l’heure et le lieu du crime, ce qui permet à l’équipe d’intervention menée par « Chief Anderton » d’anticiper le meurtre et d’arrêter le tueur en épargnant la victime.

Depuis six ans que le département existe, le taux de criminalité a quasiment disparu, et les arrestations ont considérablement augmenté. A l’heure où le gouvernement entreprend une investigation pour tester la fiabilité de ce système, John Anderton, fervent défenseur du programme, se retrouve désigné comme prochain tueur d’un homme qu’il ne connaît pas. Il se voit ainsi contraint de prendre la fuite et de remettre en cause une organisation pour laquelle il a sacrifié une bonne partie de sa vie privée.

L’adaptation de Steven Spielberg est très libre. Afin de préciser un univers que Philip K. Dick n’avait pas chargé de descriptions exhaustives, il prend le pari de tirer un film de 2h30 d’un texte de 70 pages. Alors que le John Anderton de Dick était trahi par sa femme pour le compte de Witwer, jeune officier en charge de l’enquête au sein de Precrime, celui de Spielberg se voit refourgué la perte d’un fils sur la conscience, pour faire de Tom Cruise le père de famille héroïque dont l’Amérique du XXIème siècle pourrait rêver.

On ne peut pas dire que le film est ennuyant. Tout d’abord parce que le scénario est basé sur une idée assez géniale, ce qui donne du rythme et une crédibilité à l’histoire. L’univers est soigné et semble adhérer à un futur vers lequel les innovations design pourraient bien nous mener. Spielberg s’est d’ailleurs entouré de spécialistes du MIT pour créer un futur qui se rapproche du monde tel qu’il pourrait être en 2054. Mais là où Dick s’était contenté d’un court texte et d’une histoire de complot politique assez élémentaire, Spielberg vient dresser le portrait d’un futur fait de voitures volantes et de grandes métropoles lounge et métalisées. Là où Dick avait eu la bonne idée de se contenter d’une courte nouvelle, dont la seule prétention est de présenter une idée fine et perspicace d’un futur éventuel, Spielberg sort les courses poursuites, les Colin Farrell et les violons qui vont avec.

On ne peut pas vraiment considérer cette adaptation amorcée par Steven Spielberg comme un échec, mais on regrette vraiment qu’elle soit si éloignée du pessimisme touchant qui se dégage des nouvelles de Philip K. Dick. Quitte à y passer 2h30, autant lire la nouvelle deux fois d’affilée.

LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS (1960)

Réalisé par George Pal, avec Rod Taylor, Alan Young, Yvette Mimieux, Sebastian Cabot...



La Machine à Explorer le Temps est la seconde adaptation d’une œuvre d’H. G. Wells par George Pal, après La Guerre des Mondes, en 1953, qu’il avait produit. Le film est sorti en 1960 et on retrouve Pal à la réalisation ce coup-ci.

Même si on retrouve quelques aspects communs à ces deux films (et notamment la présence d’Alan Young dans le casting), la base de leur scénario les diffère de telle façon qu’on pourrait les qualifier de complémentaire pour entrer dans l’univers fantastique que Pal a développé au long de sa carrière.

Si La Guerre des Mondes avait été une révolution en matière d’effets spéciaux au moment de sa sortie, La machine à explorer le temps nous laisse sur une appréciation un peu plus partagée. Les Morlocks ne sont pas crédibles pour un sou et meurent sous les coups de poing…
Cependant, à défaut d’apporter de la crédibilité au film, cela lui donne un capital sympathie énorme. Pour ce qui est des séquences à bord de la machine, l’effet est en revanche très réussi et le monde qui change à vitesse grand V à mesure qu’on avance dans les siècles est remarquable, et a d’ailleurs été récompensé d’un Oscar. La machine, conçu par le directeur artistique d’MGM Bill Ferrarri, est elle aussi une belle réussite et donne beaucoup de cachet à l’histoire.

C’est le premier rôle principal de Rod Taylor, avant l’envolée de sa carrière, trois ans plus tard, et la participation au film d’Hitchcock, Les Oiseaux.

Le film parvient à alterner des scènes de tension intenses, avec les voyages à bord de la machine et des scènes d’une grande sensibilité humaine (la rencontre avec le fils de Filby, interprété par Alan Young, ou le « Why… Did… You… Come… After… Me ? » de Weena, interprétée par Yvette Mimieux). On doit notamment ce rythme haletant à la géniale bande originale, signée Russell Garcia.

PITCH BLACK (2000)

Réalisé par David Twohy, scénario de Jim Wheat et Ken Wheat, avec Vin Diesel, Radha Mitchell, Cole Hauser, Keith David,...



Synopsis : Les rescapés du crash d'un vaisseau cargo découvrent qu'ils ont atterri sur une planète désertique, en permanence illuminée par trois soleils et qui cache dans ses profondeurs de dangereuses créatures qui semblent mystérieusement avoir décimé toute forme de vie à la surface alors qu'elles craignent la lumière. Fait plus inquiétant dans l'immédiat : Riddick, le dangereux prisonnier que transportait le vaisseau a profité du crash pour s'échapper. Nos héros tente alors de s'organiser pour quitter cette planète au plus vite alors qu'un événement de taille se profile à l'horizon : une éclipse qui plongera la planète dans l'obscurité la plus totale, annonçant l'heure de la chasse pour les créatures.

C'est dans le courant de l'été 2000, que la sortie française au cinéma de Pitch Black se fait dans l'indifférence, et pour cause. Avec un scénario SF horrifique qui semble faible et trop classique au premier abord, un casting inconnu et des critiques peu positives, Pitch Black avait peu d'arguments pour attirer le public dans les salles (il aura néanmoins engrangé 53 million de dollars de recettes mondiales pour un budget de 23 millions).

C'est sous format DVD qu'il dévoilera petit à petit, à l'image de son scénario, ses qualités auprès des amateurs de science-fiction d'abord puis à un plus large public, gagnant peu à peu le statut de film culte.
Pitch Black se contente au commencement de respecter à la lettre les codes du space opera avec sa séquence d'ouverture qui nous offre une vue grandiose de l'espace, avec planète, comète et astéroïdes; puis surgissent ensemble le vaisseau (au design crédible et à l'esthétique réussie ; bon point car, à mon sens, l'esthétique mécanique est un critère important pour juger la qualité d'un titre SF), la musique, le titre et un discours en voix-off de Riddick pour poser l'ambiance et introduire le spectateur à l'univers qui l'attend.

Puis, rapidement mais discrètement, la dynamique du film se met en place et plonge le spectateur dans la tension psychologique qui caractérise les personnages et leurs rapports tout le long du film : chaque personnage présente une dualité, un côté sombre dont la mise en lumière et les implications se font au compte-gouttes et de manière étonnamment subtile de sorte que chaque point de l'histoire, chaque acte peut trouver une explication et nourrir une réflexion de la part du spectateur, qu'elle se limite aux motivations pratiques des différents protagonistes ou bien qu'elle soit carrément d'ordre métaphysique.



Car il ne faut pas beaucoup forcer l'interprétation pour estimer que ce groupe composé en majorité par des individus criminels ou pécheurs subissent le jugement divin dans ces épreuves, assaillis par des créatures dont la tête évoque la forme d'une croix (voir l'affiche en haut de page). Il est rarement question de hasard au cinéma : dans Alien, par exemple, la fin nous révèle que le vaisseau « Nostromo » n'a pas découvert le signal de détresse par hasard. Dans le cadre de cette interprétation, la collision avec la comète ne serait donc pas un hasard, pas plus que le crash coïncidant avec l'année de l'éclipse, mais l'acte de Dieu les menant droit vers l'ordalie. Et on se souvient de cette phrase de Riddick pour moquer la foi de l'imam lorsqu'une pluie torrentielle s'abat sur eux, éteignant leurs torches : « Où est-il votre Dieu, maintenant ? ». « Partout », pourrait-on lui répondre.

Bien sûr, Pitch Black n'est pas exempt de défauts. On regrette, par exemple, la surenchère d'effets visuels qui nous fait bondir d'une perception du monde à l'autre entre la vision nocturne de Riddick, la vision par écholocalisation des créatures, la distorsion de l'image pendant le crash et parfois des effets injustifiés comme le passage en couleurs négatives qui font passer la traque de Riddick pour un mauvais documentaire animalier sur les prédateurs nocturnes. Seul la surexposition et les différences de tons selon quel soleil illumine la planète sont appréciable et renforce positivement l'identité de cet univers. La bande originale aussi est sans charisme et est vite oubliée mais ces détails de forme trahissent plus un manque de goûts et de moyens de la production et n'entachent en rien la qualité générale du film à proprement parler.



Film sans grandes ambitions au départ, Pitch Black s'avère être le meilleur Alien-like depuis Aliens, le retour, dévoilant petit à petit sa profondeur, occultant ses défauts et s'offrant même le luxe réservé aux grandes histoires d'exciter les spéculations chez le spectateur qui fait que, qu'on y croit ou non, (en ce qui me concerne, je ne crois même pas à ma propre analyse de « l'épreuve divine ») on continue à parler du film avec ses amis cinéphiles longtemps après la fin des crédits.

HANNIBAL LECTER (QUADRILOGIE)

La quadrilogie mettant en scène le noble dandy Hannibal « The Cannibal » Lecter est issue de l’imagination de Thomas Harris, ancien journaliste converti en écrivain de thriller.

Il est communément admis que ce personnage est inspiré d’un panel assez large de différents tueurs psychopathes dont les plus représentés sont Ed Gein et Ted Bundy.

La saga aura connu une valse d'acteurs et Anthony Hopkins est amené, dans les trois premiers volets, à former un duo vedette avec un interlocuteur différent (Jodie Foster, Julianne Moore et Edward Norton).
Les adaptations cinématographiques ne reprennent pas l’ordre de sortie des livres de Harris. Les publications suivent cette chronologie :
  • 1981 : Dragon Rouge
  • 1988 : Le Silence des Agneaux
  • 1999 : Hannibal
  • 2006 : Hannibal : Les Origines du Mal
Hollywood a préféré un ordre différent, faisant souvent passer Dragon Rouge pour un préquel blockbuster au casting impressionnant (Harvey Kettel, Anthony Hopkins, Edward Norton, Ralph Fiennes, Philip Seymour Hoffman…) :
  • 2002 : Dragon Rouge
  • 2006 : Hannibal : Les Origines du Mal
Comme pour la plupart des sagas, on entend souvent dire de celle-ci que « plus ça va, moins ça va ». Si Le Silence des Agneaux passe pour un grand film d’angoisse, Hannibal : Les Origines du Mal récolte un beau 2/5 de moyenne dans la critique. Et il est vrai que la différence de subtilité entre le premier et le dernier volet est à l’image de la différence de talent entre Anthony Hopkins et Gaspard Ulliel.

Mais, comme pour la plupart des sagas, aux yeux des fans, chaque nouveau volet est justifié parce qu’il apporte son lot d’informations et de petites anecdotes croustillantes sur nos héros, aussi pré-fabriquées soient-elles…

X-MEN : LE COMMENCEMENT (2011)

Réalisé par Matthew Vaughn, avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon...



Ce film paraissait tellement alléchant d’après son scénario qu’on avait très peur d’être déçus. Si les deux premiers X-Men, sortis au début des années 2000, avaient constitué une renaissance salvatrice pour les films de super-héros, le troisième volet, tout aussi palpitant, été apparu bien moins inspiré, sans parler du dernier X-Men : Origins, qui nous avait laissé dans l’indifférence la plus totale…

Synopsis : Avant que les mutants n’aient révélé leur existence au monde, et avant que Charles Xavier et Erik Lehnsherr ne deviennent le Professeur X et Magneto, ils n’étaient que deux jeunes hommes découvrant leurs pouvoirs pour la première fois. Avant de devenir pires ennemis, ils étaient complices et amis. Ils rassemblaietn les mutants et alliaient leur force pour empêcher la destruction du monde. Mais, au cours de cette opération, le conflit naissant entre les deux hommes s’accentue, et la guerre éternelle entre la Confrérie de Magneto et les X-Men du Professeur X devient inévitable…

Les prequels ont toujours quelque chose d’attirant. Sûrement la conviction que même si le film et la prestation des acteurs ne tient pas trop la route, si la forme laisse à désirer, on aura toujours une mine d’anecdotes et d’explications sur l’histoire. Comment les choses en sont arrivées là où on les a prises ? Tout de même, à la vue de la bande-annonce, on voulait vraiment espérer un bon film.

Et c’est une réussite. Là où L’affrontement Final semblait s’épuiser, c’est-à-dire que l’on avait l’impression que tout avait déjà été dit et que ce troisième volet n’était qu’un prétexte scénaristique assez injustifié pour présenter un gros spectacle d’effets spéciaux hollywoodien, par ailleurs très agréable, cet ultime volet de la saga est assez bien construit. Puisqu’il n’y avait plus grand-chose à dire sur le futur des mutants et sur l’éternel affrontement entre le Professeur X et Magneto, se pencher sur l’origine de leur différend et sur la genèse de la situation telle qu’on la connaissait s’imposait comme une démarche très pertinente. Encore fallait-il en faire un film convaincant et éviter de tomber dans toutes les facilités préconçues que peut offrir un prequel.

Le casting est très fin, les acteurs ne sont pas des vedettes sur le déclin, ni des superstars dont l’identité prendrait le pas sur le personnage qu’ils incarnent. Michael Fassbender développe, à mesure que le film progresse, un charisme de plus en plus impressionnant. Il se fond parmi les autres acteurs durant la première demi-heure avant de tirer son épingle du jeu petit à petit, à l’image de l’évolution du personnage de Magneto qui prend de plus en plus de confiance en lui, pour finir par tuer le « méchant » et s’opposer au chef des « gentils », Charles Xavier.

En ce qui concerne le Professeur X, le choix de James McAvoy est très pertinent, puisqu’il revêt une expression de volonté et de forte détermination tout en gardant cette naïveté, qui se traduit dans sa foi intarissable en la race des humains « Neandertal ».

Enfin, le troisième des personnages qui mènent le film, Sebastian Shaw, contre lequel Charles Xavier, Magneto et leur équipe de jeunes mutants se battent, est incarné par Kevin Bacon. Cet acteur, que l’on a vu au plus haut (Mystic River) comme au plus bas (Crazy Stupid Love), est impeccable ici.

Pour terminer sur une note un peu plus amère, on regrettera un peu que le scénario s’incruste tant dans l’Histoire. Mettre la crise des missiles de Cuba sur le dos des mutants est un peu gros, et lourdeau… Mais ça n’empêche en rien ce film d’être un petit bijou.

LA NUIT DU LOUP-GAROU (1961)

Réalisé par Terrence Fisher, avec Oliver Reed, Clifford Evans, Yvonne Romain, Anthony Dawson, Catherine Feller...



Le scénario de La Nuit du Loup-Garou est inspiré en grande partie du Loup-Garou de Paris, écrit par Guy Endore. Dans le roman, les évènements suivent le parcours de Bertrand Caillet, loup-garou qui sévit en France à la fin du XIXème siècle, au cours de la guerre Franco-Prusse et de la Commune. A sa sortie, en 1933, l’ouvrage a rencontré un succès très important, et le New York Times l’a recensé n°1 des ventes malgré la période de crise de l’époque.

Le film que l’on présente ici, proposé par les productions Hammer en 1961, en est la première adaptation officielle. La particularité principale de ce film est qu’il constitue le seul film de loup-garou produit par la Hammer. La réalisation en a été confiée à Terrence Fisher, qui sera entre autre renommé pour sa saga en cinq films sur Frankenstein, avec Peter Cushing. On le présente également souvent comme le réalisateur ayant lancé la carrière de Christopher Lee.

L’intrigue est ici déplacée en Espagne, au XIXème siècle. Un riche marquis humilie et jette en prison un mendiant venu perturber ses noces. Ce dernier se voit vite rejoint dans sa cellule par une belle femme, sourde et muette, enfermée pour avoir refusé les avances du marquis. Pris d’un accès de rage, le mendiant la viole juste avant de mourir dans la cellule. Après quelques péripéties, la jeune fille parvient à accoucher d’un fils, puis meurt à son tour. Dès sa naissance, Leon est recueilli et élevé par un couple local. Mais il est empreint d’une double malédiction : sa mère est morte en l’amenant au monde, et il est né le jour de Noël. Alors qu’il grandit et atteint bientôt l’âge adulte, de curieux évènements ont lieu la nuit et l’on retrouve des bêtes trucidées. C’est une véritable chasse à l’animal qui se développe alors dans le village…

On retrouve dans le rôle de Leon un jeune Oliver Reed, très souvent présent dans les films de la Hammer au début des années 1960 qui l’ont lancé. Son charisme est en plein essor et impressionne. La relation qui se dessine entre le héros et le spectateur est d’une grande force.
Victime de sa propre malédiction, il livre une remarquable prestation qui reflète parfaitement le complexe tant repris au cinéma de bête sauvage malgré lui, qui doit renoncer à ses propres attaches sentimentales avec les humains malgré un cœur énorme. Sa fin tragique laisse un mauvais goût doux-amer d’injustice inévitable et c’est presque la larme à l’œil et la boule au ventre que l’on en ressort…

MATRIX (1999)

Réalisé par Andy et Lana Wachowski, avec Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Hugo Weaving, Cary-Anne Moss, Joe Pantoliano,...



Synopsis : Modeste développeur pour une grande entreprise de software le jour et pirate informatique, connu sous le nom de Néo, la nuit, Thomas A. Anderson est un jour contacté par le célèbre et très recherché pirate informatique Morpheus, qui lui révèle que le monde dans lequel nous vivons n'est pas réel mais est en fait une simulation informatique créée par une intelligence artificielle pour cacher à l'humanité sa condition d'esclave des machines, qui l'exploitent et la cultivent pour l'énergie bio-électrique produite par le corps humain.

Canard boiteux du club des grandes saga qui nous ont fait entrer dans le nouveau millénaire (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux,...), la trilogie Matrix aura déçu de nombreux adeptes du premier film et les non-initiés croiront à une fiction SF commerciale à l'action musclée, créée sur mesure pour des nerds gothico-sado-maso qui ont fini par en adopter le style vestimentaire, balayant les trottoirs de nos rues avec leurs longs manteaux noirs. Mais cette mauvaise image, méritée pour les deux derniers volets, ne l'est en rien pour le premier, visuellement révolutionnaire, réellement dépaysant, on sortait de la salle de cinéma avec l'impression d'avoir vu quelque chose de complètement nouveaux malgré l'univers qui est un (ses détracteurs diraient « n'est qu'un ») océan de références qui fait de l'intrigue un gouffre à interprétations.



Film favori des professeurs de philosophie, Matrix n'invente rien mais assimile et uni à la perfection tout ce que les thèmes du réel, du rêve, du libre-arbitre ont pu produire comme réflexions dans les arts, la littérature et la philosophie avec les spéculations pessimistes de la science-fiction des années 80 hantées par les désillusions de l'ère industrielle alors que l'outil informatique s'installe dans les rouages de notre société. De l'allégorie de la caverne de Platon au cyberspace de William Gibson, de Alice aux Pays des Merveilles au cinéma d'action de Hong-Kong, les références et inspirations sont nombreuses et ont déjà été maintes fois relevé ; inutile de le faire ici.

D'un point de vue de la mise en scène et de l'esthétique, Matrix possède le charme timide des « premiers épisodes ». N'étant, de fait, pas encore reconnu, aucune des ses composantes n'est mise en avant et exagérée pour cibler un public particulier, ce qui sera l'erreur des volets suivant. Parfaitement calibré, chaque aspect du film a été porté avec une attention maniaque, perfectionniste et nous scotch à notre fauteuil du début à la fin, les muscles tendus, concentrés sur ce qui se passe à l'écran. Les combats nous subjuguent, parfaitement chorégraphiés mais sans ressembler à une danse, on observe avec impatience les progrès de Néo. Les fusillades sont explosives, les balles volent partout, les murs éclatent, s'écroulent, n'en peuvent plus. Les dialogues sont passionnant, on boit les paroles des personnages comme Morpheus, l'agent Smith et l'Oracle qui lèvent, de leurs voix religieuses, peu à peu le voile sur l'énigme qui nous a amené jusqu'ici : qu'est-ce-que la matrice ?



Matrix est un film qu'on a parfois honte de citer à cause du souvenir qu'ont laissé ses suites ou ses fans aux longs manteaux noirs qui reste « un peu trop dedans une fois dehors ». Mais c'est un film incontournable, qu'on regarde et re-regarde, et chacun y trouve son compte. C'est du cinéma. On ne sera peut-être pas d'accord, il aurait peut-être fallu un paragraphe relevant ses travers et ses imperfections pour paraître plus objectif mais j'ai beau me creuser, je n'y arrive pas. Je ne lui trouve aucun défaut.

LA FILLE DE DRACULA (1972)

Réalisé par Jess Franco, avec Britt Nichols, Anne Libert, Alberto Dalbès...



Jesus « Jess » Franco occupe une place particulière dans le cœur des amateurs de cinéma. Tantôt adulé pour la légèreté identitaire de ses films de série B, tantôt vu comme un offenseur du noble 7ème art, il remplit parfaitement les critères indispensables au statut de réalisateur culte, qu’il détient aujourd’hui.

Sans y voir un créateur superbe, ni une honte ou une insulte, le visionnage à peu près objectif de ce film du génie boudé du mauvais goût nous a permis de s’introduire à sa « patte » tant réputée.

Tout au long de sa carrière, Jess Franco eut un peu de mal à se débarrasser de ses antécédents dans le cinéma pornographique, en raison du grand nombre de films classés X qui l’ont lancé. En effet, c'est un aspect que l'on peut difficilement ignorer dans La fille de Dracula, suite de son Comte Dracula, sorti en 1972.

Sans parler véritablement de sexploitation, disons simplement que les plans placent le spectateur bien souvent dans la peau du voyeur. Dès la première scène, c’est caché derrière une porte, à la place du tueur, que l‘on observe une jeune femme se déshabiller et prendre sa douche avant de se faire tuer. La deuxième victime décèdera après un long strip-tease. Enfin, la scène la plus longue du film réunit les deux actrices les plus en vue, pulpeuses à souhait, s’acoquinant au doux son du piano. Vampiros Lesbos est d'ailleurs un des films les plus fameux de Jess Franco. C'est un thème dont il a fait une de ses spécialités.



Les acteurs empestent la perversion, et les femmes brillent bien plus par leur corps que par leur prestation. Toutefois, c’est une expérience vraiment amusante que de se plonger dans La Fille de Dracula. Et Jess Franco a eu la bonne idée de le faire durer 1h20, ce qui fait que le film s’arrête pile au moment où l’on pourrait commencer à s’en lasser. S’y plonger ne sera pas une illumination, mais on peut dire sans prendre de risque que c’est une des premières fois que l’on assiste à un tel cinéma.

FREAKS (1932)

Réalisé par Tod Browning, avec Wallace Ford, Leila Hyams, Olga Baclanova...



Freaks est un film réalisé par Tod Browning, sorti en 1932. L’histoire est inspirée de la nouvelle Spurs, de Tod Robbins. Le film sort un an après le succès retentissant de Dracula (1931). A cette époque, Tod Browning est un réalisateur très populaire, renommé pour avoir dirigé Bela Lugosi dans son rôle le plus charismatique et Lon Chaney, grande figure hollywoodienne de l’époque.

Le pari fou pris sur cette production est d’utiliser comme acteurs de véritables « freaks », qui jouaient à ce moment-là dans des sideshows. C’est une étape importante pour le cinéma qui se confine, par ce biais, au réel plutôt que d’utiliser des effets spéciaux et du maquillage comme on le faisait le plus souvent, alors.

Tod Browning a vécu plusieurs années dans un cirque et a pu ainsi s’inspirer de ses expériences personnelles pour peindre un tableau très réaliste d’un milieu qui a quasiment disparu aujourd’hui mais qui constituait un marché important à l’époque. Ce film n’a pas rencontré le même succès que ses prédécesseurs. Si Dracula avait permis à Browning d’accéder au rang de réalisateur vedette à Hollywood, on fit bien moins appel à lui après la sortie de Freaks. C’est pourtant un film qui a marqué la plupart des grands réalisateurs contemporains (l’hommage le plus fameux étant Elephant Man, de David Lynch) et que l’on retrouve aujourd’hui dans toutes les anthologies du cinéma.

Le film se déroule au sein de la troupe du cirque Tetrallini. L’histoire centrale se passe autour de Cleopâtre, la trapéziste vedette, dont tombe amoureux Hans, lilliputien illusioniste, lui-même fiancé à Frieda. « Cleo » s’amuse avec Hans, acceptant pour s’amuser ses offres et ses beaux discours. Elle apprend vite qu’il est l’héritier d’une fortune. Dès lors, elle met en place un plan pour la récupérer, avec son amant Hercule, le monsieur Muscle de la troupe.



Il en découle un film d’une puissance choquante, les acteurs n’ont pas seulement été choisis pour leurs difformités naturelles, la force de leurs regards et de leurs intonations donne à l’ensemble un aspect unique à ce film au scénario pourtant assez commun. On en ressort profondément touchés. Les véritables monstres sont Cleopâtre et monsieur Muscle, qui ont pourtant hérité chacun de corps idéaux et parfaits, quand les homme-tronc, femme à barbe et autres nains débordent d’une humanité bouleversante. Cette morale peut paraître assez ordinaire, ainsi résumée à l’écrit. Mais à l’écran, elle éclate d’une force incroyable.

HANNIBAL (2001)

Réalisé par Ridley Scott, avec Julianne Moore, Anthony Hopkins, Gary Oldman...
 


C’est 10 ans après la sortie du Silence des Agneaux, en 2001, que sort le deuxième volet de la série, Hannibal. L’affaire n’a pas été simple et on a longtemps cru qu’il ne verrait jamais le jour. Mais, à l’image du Chinese Democracy d’un autre registre, c’est après plusieurs années de dires, de contre-dires et de rumeurs que sort sur les écrans Hannibal.
 
Dès 1997, Jodie Foster affirme son envie de tourner la suite, assurant qu’Anthony Hopkins est également partant. S’en suivent de nombreuses interviews dans lesquels tour à tour Jonathan Demme, Jodie Foster ou Dino De Laurentiis (le producteur) annoncent qu’ils veulent faire le film, puis qu’il ne se fera jamais…etc

En 2001, après tous ces rebondissements, le film sort, réalisé par Ridley Scott, et avec, en dehors d’Anthony Hopkins, un casting très différent : c’est Julianne Moore qui a obtenu le rôle de Clarice Starling.

Synopsis : Plusieurs années ont passé, Hannibal Lecter est introuvable et Clarice Sterling est victime médiatique d’une contre-publicité qui la transforme de stagiaire vedette en risée du pays. Hannibal vit désormais à Florence en Italie, où il est conservateur d’une grande bibliothèque et professeur spécialisé dans l’œuvre de Dante. Ce statut appuie merveilleusement son image de dandy érudit et lui confère un charisme encore supérieur. Le cadre de Florence est superbe et donne une grandiloquence et une esthétique imparable au film. Mason Verger (campé par Gary Oldman), ancienne victime du cannibale, retrouve sa trace et cherche à utiliser Clarice pour l’attirer et se venger du docteur.

La réalisation signée Ridley Scott donne une grandeur qui lui est propre. Certains pourraient être énervés par l’aspect héroïque dont le réalisateur a fait sa marque de fabrique, pour le meilleur (Aliens, Blade Runner…) comme pour le pire (Robin des Bois…). Dans le contexte de ce film, avec ces acteurs au teint un peu pâle, dont la classe repose sur la froideur, c’est très réussi et fait une sorte de contrepoids à ce côté trop hollywoodien, le rendant bien plus digeste.

A l’opposé du Silence des Agneaux, dont le mot d’ordre semblait être la distance et l’austérité, la différence de style s'impose d'entrée comme une évidence, et est donc acceptée comme telle.

Ne nous laissons pas méprendre par le mauvais goût de l'affiche, Hannibal est un retour gagnant pour la série, dix ans plus tard, et s’impose comme une suite incontournable pour quiconque s’est laissé entraîner dans le premier volet.

LE SILENCE DES AGNEAUX (1991)

Réalisé par Jonathan Demme, avec Jodie Foster, Anthony Hopkins, Scott Glenn...

Sorti en 1991, Le Silence des Agneaux reste aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, un des plus grands films d’angoisse depuis le début du cinéma en couleur.



Toujours excellent dans le tâtonnement entre suggérer délicatement et montrer en gros plan les horreurs que relatent son scénario, c’est probablement cet équilibre paradoxal qui touche à chaque fois le spectateur, et font qu’aujourd’hui tout le monde se souvient à peu près des circonstances dans lesquelles il l’a vu pour la première fois. Un paradoxe qui se retrouve dans la plupart des compartiments du film. Les scènes au rythme le plus intense reposent sur des dialogues très courtois entre Hannibal et Clarice. C’est au moment où la musique s’adoucit que le cœur s’accélère. Bref, on y trouve tout ce qui démarque un film d’angoisse d’un film d’horreur, avec ce petit plus, qui est là pour choquer, et qu’on adore…

Synopsis : Afin de retrouver la piste d'un tueur surnommé Buffalo Bill car il scalpe les femmes qu'il assassine, la jeune stagiaire du FBI Clarice Starling est dépêchée auprès d'Hannibal Lecter, prisonnier pour avoir dévoré ses victimes. Sa coopération devrait permettre à Clarice de saisir et d'anticiper le comportement de Buffalo…

Seul film, avec Vol au-dessus d’un nid de coucou et New York-Miami, à réussir le Grand Chelem : Meilleur Film, Meilleur Scénario, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleure Actrice, le film a pourtant mis du temps avant de trouver cet équilibre parfait et cette osmose entre les acteurs qui, chacun ayant un égo qui lui est propre et qui s’affirme, parvient à se mettre au service des autres acteurs. Comme si tous prenaient énormément de place sans empiéter sur le territoire de l’autre.
Le rôle de Lecter avait tout d’abord été proposé à Sean Connery, qui le refusa et laissa la place à Anthony Hopkins. Pour Clarice Starling, c’est Michelle Pfeiffer qui avait longtemps été pressentie, avant que Jonathan Demme n’ait l’excellente idée de donner le rôle à Jodie Foster. On parlait aussi de Kim Basinger ou encore Meg Ryan. Les acteurs secondaires ne sont bien sûr pas à négliger. Scott Glenn est excellent dans sa retenue professionnelle si bien maîtrisée, et Anthony Heald fait un très bon Dr Chilton.

En bref, Le Silence des Agneaux est un MUST SEE absolu.

PHILIP K. DICK



Philip K. Dick est l'auteur de science-fiction le plus populaire (en France particulièrement) des 50 dernières années. Il commence l'écriture au début des années 1950. 
Cette décennie va voir un changement très important prendre place dans la littérature de science-fiction, changement qu'il incarnera, populairement, aux yeux des lecteurs non spécialistes. 

Jusqu'au lancement de Spoutnik, en 1957, les voyages dans l'espace avaient inspiré une littérature pleine d'espoir. Depuis Icaroménippe, au IIème siècle après J-C, jusqu'à Jules Verne, ce but ultime de la science avait été envisagé de façon spectaculaire. Un savant génial mais rejeté de tous, au péril de sa crédibilité et de sa fortune, prenait le pari de prouver, seul contre le reste du monde, qu'il parviendrait à braver les dangers et à dompter les lois de la nature pour s'offrir la première conquête spatiale. Par ce biais, c'est l'humanité entière qui se verrait grandie, pensait-on.

Au lancement de la navette Spoutnik, on réalise que, loin d'être une aventure peuplée de héros, la conquête de l'espace est en fait une histoire de technologie avancée, qui doit son aboutissement à une guerre politique entre l'Est et l'Ouest, qui souhaitent chacun prendre un ascendant militaire symbolique.
Il ne faut pas occulter le fait que, dix ans plus tôt, la première catastrophe nucléaire, venait déjà poser les bases d'une crainte grandissante de la science et de ses évolutions qui gagnent en folie, et perdent en humanité. 
L'écrivain Thomas Dich souligne avec pertinence qu' "il a alors fallu apprendre à vivre avec les bombes, surtout en regardant ailleurs, en se concentrant sur le quotidien, je dirai sur l'aspect banal de notre existence. [...] C'est le quotidien [...] qui est devenu notre cauchemar."
Voilà le carcan même de l'oeuvre de Philip K. Dick, une oeuvre hantée par la dégénérescence scientifique, par l'oppression des machines, par la perte de liberté individuelle au profit d'une capacité de production collective digne de la plus banale des fourmilières...

Auteur halluciné, accroc au LSD, aux amphétamines et paranoïaque maladif, Dick ressentait cette oppression de façon envahissante et dans son horreur la plus abjecte. C'est ce qui transpire de son oeuvre et de sa perception de ce monde dont l'évolution et le progrès ont atteint un tel extrême que les hommes en reviennent à vivre de la façon la plus primitive.

Depuis le succès retentissant de Blade Runner, dans les années 80, Philip K. Dick est devenu un des auteurs dont les adaptations sont les plus attendues, et les plus redoutées, parmi les amateurs de cinéma fantastique.

Le format de la nouvelle, quasi systématiquement adopté par l’auteur, laisse la place à une interprétation très personnelle du réalisateur qui s’y attaque. C’est ce qui en fait un auteur intéressant à suivre au cinéma.

Le récent remake de Total Recall nous prouve bien que le même texte peut générer deux univers très différents dans l’imaginaire de chacun. Pour le meilleur, comme pour le pire…

(Cet article doit beaucoup à l'introduction de Jacques Sadoul à Une histoire de la science-fiction, 1958-1981 : L'expansion, publié aux éditions Librio en 2000)


LISTE DES FILMS :



H.G. WELLS



Au panthéon du fantastique, Herbert George Wells occupe une place toute particulière. Dès le XIXème siècle, il introduit, à la manière d’un touche à tout génial, les principaux thèmes qui seront imités et rabâchés dans le cinéma fantastique du XXème siècle : invasion extra-terrestre (La Guerre des Mondes), super-héros (L’Homme invisible), voyage dans le temps (La Machine à explorer le temps)…
La brièveté de ses textes, alliée à la précision de ses descriptions scientifiques d’anticipation en font une source d’inspiration incomparable pour les réalisateurs des 80 dernières années.

Cette rubrique ne sera sûrement jamais terminée tant on compte d’adaptations aujourd’hui.
Nous commencerons par les plus marquantes dans l’histoire du cinéma. Notamment avec la présentation du lien et de l’admiration que lui portait George Pal, qui tira de La Machine à explorer le temps et de La Guerre des Mondes deux films d’une influence majeure sur le cinéma fantastique produit à partir des années 1960.

CRIMES OF THE FUTURE (1970)

Réalisé par David Cronenberg, avec Ronald Mlodzic, Jon Lidolt, Tania Zolty…



Crimes of the Future est le deuxième long-métrage de David Cronenberg, après Stereo (1969). Il est sorti en 1970 et s’impose comme le « petit bébé » du réalisateur, que l’on retrouve également au scénario, à la photographie, à la production et au montage.

A la lecture du synopsis, le film s’annonçait d’avance comme une petite pépite et on salivait déjà de découvrir l’histoire mystique du docteur Antoine Rouge. 

L’intrigue nous emmène dans les pas d’Adrian Tripod, journaliste enquêtant au sein de la clinique dermatologique « House of the Skin », longtemps dirigée par son mentor, Antoine Rouge. Nous sommes en 1997 et depuis quelques temps, un fléau issu de l’utilisation de produits cosmétiques fait rage dans le pays, tuant toutes les femmes sexuellement matures. Etrange coïncidence, le Dr Rouge est introuvable depuis. C’est dans ce monde déféminisé où les hommes tentent de survivre, adoptant de nouveaux modes de vie et développant une pédophilie qui s’impose comme seule alternative salvatrice, qu’erre notre héros et narrateur.



La mise en forme du film semble avoir été conçue comme une expérimentation des moyens de présenter une histoire à l’écran, peut-être en métaphore des expériences auxquelles nous assistons dans la clinique. 

Le début du film est intriguant et la voix off du narrateur n’est pas sans rappeler les plus célèbres Kubrick. Les plans ont été tournés sans son, la narration rajoutée par-dessus. Il n’y a pas de musique.Et l'on réalise bien vite que c’est à un film sans rythme (ou au non-rythme très travaillé, tout dépend de l’interprétation) que l’on assiste. C’est « branle-neurones » à souhait et alterne gros plan sur des visages intello-affirmés et longues séquences dans les jardins, comme si l’on vivait pendant une heure au sein d’une communauté de hippies pédophiles de la médecine. 

Ces différents plans évoquent la représentation, que l’on retrouve souvent dans le cinéma de la fin des années 1960, d’un mauvais trip au LSD.

Peut-être faut-il s’y atteler après avoir vu l’ensemble de l’œuvre de Cronenberg, peut-être à ce moment-là apparaît-t-il dans toute sa lumière. Mais un visionnage hors contexte écrase avant tout le cerveau d’un ennui qui semble interminable.