THE THING (1982)


Réalisé par John Carpenter, adapté de la nouvelle Wo goes there ? de John W. Campbell, musique de Ennio Morricone, avec Kurt Russel, Wilford Brimley, Keith David,…



J'ai découvert The Thing un soir où je dormais chez des amis de mon père. J'avais sept ans. À mon attention ils avaient passé Mars Attack en début de soirée - "merci" - puis, alors que j'étais censé dormir, ils se sont installés devant le film qui les intéressait réellement mais dont ils voulaient m'épargner la vue. Ça c'était leur plan. J'ai bien sûr gardé les yeux grands ouverts toute la deuxième partie de la soirée et alors que j'avais trouvé le premier film extrêmement nul (je n'ai jamais cherché à le revoir depuis) j'étais complètement hypnotisé par le second. Plus qu'effrayé, j'étais fasciné par l'esthétique, l'histoire, la photographie, la musique et le style de Kurt Russel. C'était le commencement de mon amour pour le cinéma.
Synopsis : Une équipe de chercheurs américains basée en Antarctique est surprise par l'arrivé d'un homme armé qui poursuit furieusement un chien dans l'intention manifeste de le tuer. Menacés, ils n'ont d'autre choix que d'abattre l'homme. Le mystère s'épaissit lorsqu'ils se rendent à la station de recherche norvégienne d'où venait l'homme qui fut apparemment volontairement détruite par ses occupants, tous morts, et qu'ils y découvrent un étrange cadavre brulé et abandonné dans la neige. Ramenant avec eux leur inquiétante découverte, ils font rapidement l'expérience qu'a connu leurs voisins norvégien : l'équipe est attaqué par une "chose" meurtrière qui peut prendre n'importe quel forme organique, semant le doute et la suspicion au sein du groupe, isolé du reste du monde.



The Thing de John Carpenter partage beaucoup avec le Shining de Kubrick. Plan aérien pour l'introduction, paysages de montagnes enneigées qui nous place dans le froid et l'isolement, une musique simple et sourde suivant une cadence inquiétante et la caméra fixée sur un véhicule qui nous emmène vers l'horrible. Mais l'action est bien plus présente dans le premier et pour ce qui est de la réalisation, on ressent chez Carpenter un côté "studio" que Kubrick n'a jamais eu. Mais le but n'est pas de comparer ces deux chez d'oeuvres somme toute très différents.

"I know I'm human"

Le film propose une plongé dans la paranoïa, la suspicion de l'autre en ne nous donnant pas plus d'indices qu'aux personnages et c'est la plus grande qualité du film : on en vient à s'accrocher à la rumeur et à l'investigation avec autant d'attention et d'inquiétude qu'un MacReady (incarné par Kurt Russel). Le groupe est dissout dès la découverte des propriétés de la Chose et c'est là son plus grand pouvoir. En doutant de leurs identités, chaque personnage fait de ses compagnons une "chose" sans humanité et indigne de confiance; voyez la fameuse scène du test qui doit déterminer qui dans le groupe est toujours humain. Ce test se fait dans la désorganisation et le mépris générale de toute les règle conventionnelles : des humains meurent, tués par la Chose, tués par l'homme qui n'a d'autre choix que la précaution. Les plus lucides sabotent, entravent, se parlent à peine; ils sont sans considérations pour leur potentiel semblable qui serait toujours dans le groupe. La SF prouve encore une fois qu'elle est un modèle d'anticipation et de réflexion sans limite.



Mais The Thing est aussi une oeuvre artistique et un des meilleures représentants de l'esthétique 80's au cinéma, entre les synthés lents et bien inquiétants d'Ennio Morricone et les couleurs pastels de la photographie (magnifique), sans parler du groupe de personnages dont chaque représentant est un gros cliché culturel et comportemental mais il faut bien ça. En ce qui concerne l'ambiance, le film lorgne légèrement du côté de Lovecraft à qui il emprunte son aspect archéologique voir mythologique, une certaine recherche de réalisme et bien sûr l'indicible horreur de la Chose, à la fois informe et amas de formes immondes. À propos, on se serait bien passé des détails sur son origine extra-terrestre, l'intrigue et la Chose aurait gagné en charisme et crédibilité et cette séquence d'ouverture avec cette pauvre assiette volante et l'apparition du titre méga-kitsch desservent vraiment le film et sa mythologie. Mais je pinaille : ça dure 30s et après le reste est un sans faute, surtout cette fin, le meilleur moment du film, le climax du doute humain et de la perversité de la Chose.

PS : Si vous aussi vous êtes dérangés par ce genre de comportement incompréhensibles, honteusement égoïstes, je vous invite à pousser ici avec moi un cri d'alarme, au nom de la survie de l'humanité.
À tous nos héros qui, depuis des décennies de cinéma, courent les plus grands dangers : s'il-vous-plaît et une bonne fois pour toutes, arrêtez de tourner nonchalamment le dos à des portes grandes ouvertes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire