Réalisé par Andy et Lana Wachowski, avec
Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Hugo Weaving, Cary-Anne Moss, Joe
Pantoliano,...
Synopsis : Modeste
développeur pour une grande entreprise de software le jour et pirate
informatique, connu sous le nom de Néo, la nuit, Thomas A. Anderson est
un jour contacté par le célèbre et très recherché pirate informatique
Morpheus, qui lui révèle que le monde dans lequel nous vivons n'est pas
réel mais est en fait une simulation informatique créée par une
intelligence artificielle pour cacher à l'humanité sa condition
d'esclave des machines, qui l'exploitent et la cultivent pour l'énergie
bio-électrique produite par le corps humain.
Canard boiteux du club des grandes saga qui nous ont fait entrer dans le nouveau millénaire (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux,...),
la trilogie Matrix aura déçu de nombreux adeptes du premier film et les
non-initiés croiront à une fiction SF commerciale à l'action musclée,
créée sur mesure pour des nerds gothico-sado-maso qui ont fini par en
adopter le style vestimentaire, balayant les trottoirs de nos rues avec
leurs longs manteaux noirs. Mais cette mauvaise image, méritée pour les
deux derniers volets, ne l'est en rien pour le premier, visuellement
révolutionnaire, réellement dépaysant, on sortait de la salle de cinéma
avec l'impression d'avoir vu quelque chose de complètement nouveaux
malgré l'univers qui est un (ses détracteurs diraient « n'est qu'un »)
océan de références qui fait de l'intrigue un gouffre à interprétations.
Film favori des professeurs de philosophie, Matrix
n'invente rien mais assimile et uni à la perfection tout ce que les
thèmes du réel, du rêve, du libre-arbitre ont pu produire comme
réflexions dans les arts, la littérature et la philosophie avec les
spéculations pessimistes de la science-fiction des années 80 hantées par
les désillusions de l'ère industrielle alors que l'outil informatique
s'installe dans les rouages de notre société. De l'allégorie de la
caverne de Platon au cyberspace de William Gibson, de Alice aux Pays des
Merveilles au cinéma d'action de Hong-Kong, les références et
inspirations sont nombreuses et ont déjà été maintes fois relevé ;
inutile de le faire ici.
D'un point de vue de la mise en scène et de l'esthétique, Matrix
possède le charme timide des « premiers épisodes ». N'étant, de fait,
pas encore reconnu, aucune des ses composantes n'est mise en avant et
exagérée pour cibler un public particulier, ce qui sera l'erreur des
volets suivant. Parfaitement calibré, chaque aspect du film a été porté
avec une attention maniaque, perfectionniste et nous scotch à notre
fauteuil du début à la fin, les muscles tendus, concentrés sur ce qui se
passe à l'écran. Les combats nous subjuguent, parfaitement chorégraphiés
mais sans ressembler à une danse, on observe avec impatience les
progrès de Néo. Les fusillades sont explosives, les balles volent
partout, les murs éclatent, s'écroulent, n'en peuvent plus. Les
dialogues sont passionnant, on boit les paroles des personnages comme
Morpheus, l'agent Smith et l'Oracle qui lèvent, de leurs voix
religieuses, peu à peu le voile sur l'énigme qui nous a amené jusqu'ici :
qu'est-ce-que la matrice ?
Matrix est un film
qu'on a parfois honte de citer à cause du souvenir qu'ont laissé ses
suites ou ses fans aux longs manteaux noirs qui reste « un peu trop
dedans une fois dehors ». Mais c'est un film incontournable, qu'on
regarde et re-regarde, et chacun y trouve son compte. C'est du cinéma.
On ne sera peut-être pas d'accord, il aurait peut-être fallu un
paragraphe relevant ses travers et ses imperfections pour paraître plus
objectif mais j'ai beau me creuser, je n'y arrive pas. Je ne lui trouve
aucun défaut.
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