LE FANTOME DE L'OPERA (1925)

Réalisé par Rupert Julian, avec Lon Chaney, Mary Philbin, Norman Kerry, Arthur Carewe, Gibson Gowland...



Le fantôme de l’Opéra est un film muet adapté du roman du même nom écrit par Gaston Leroux. Il est sorti en 1925 et a été réalisé par Rupert Julian. C’est pour nous l’occasion de présenter pour la première fois ici un acteur qui reviendra probablement très souvent tant il a marqué l’histoire du cinéma en général, et celle du fantastique en particulier : Lon Chaney. Deux ans plus tôt, il avait interprété le rôle de Quasimodo dans le Notre-Dame de Paris de Wallace Worsley. Le film a rencontré un succès tel que l’on a fait appel à lui pour reproduire une situation un peu similaire de « belle et la bête » en lui accordant le rôle d’Erik, le fantôme, héros du film. A bon essien puisque Le Fantôme de l’Opéra a été un des plus gros succès commerciaux des années 1920. On retrouve également Lon Chaney en maquilleur pour le film, ce qui est assez impressionnant au vu de la qualité des maquillages proposés tout au long du film, en particulier sur son propre personnage.

Un curieux individu sème le trouble au sein de l’Opéra de Paris quand il jette son dévolu sur Christine, la doublure de l’actrice principale de Faust, qui est à ce moment représenté. Il terrorisera acteurs, spectateurs et organisation jusqu’à ce que sa protégée ne tienne les premiers rôles et ne soit adulée par tout Paris. Ce fantôme crée une bulle de mystère autour de lui, il effraie, et il intrigue. On le voit sous forme d’ombre, face au mur dictant sa loi aux autorités de l’Opéra. Un jour, il enlève Christine et l’emmène dans les catacombes, où il vit depuis le Seconde Révolution. C’est alors que l’on découvre un personnage intriguant qui se révèle petit à petit mi-terrifiant, mi-désespéré, tantôt cruel, tantôt tendre, mais toujours touchant (grâce notamment au jeu superbe et très juste de Lon Chaney).

Le film occupe aujourd’hui un tel statut de reconnaissance qu’il est difficile d’en faire une critique objective. C’est en tout cas un bijou d’esthétisme, la demeure que s’est aménagée le fantôme dans les catacombes est d’un gothique parfaitement mis en valeur par l’image noir et blanc abîmée inévitable de cette époque.
La musique, signée Gustav Hinrichs et Sam Perry, seule interaction sonore avec le spectateur, dicte à merveille l’intensité vallonnée désirée et suggérée par la mise en scène de Rupert Julian.

On trouve également dans ce film le « mad Bal Masqué » de l’Opéra de Paris, qui impose et résume l’esthétique de ce film à lui seul, par son jeu d’identités cachés et de quiproquos comme le cinéma muet savait si bien en offrir. Les 30 dernières minutes dans les catacombes sont une incroyable réussite et justifient à elles seules le statut occupé par ce film, qui a été repris de nombreuses fois depuis, et a inspiré des grands chefs-d’œuvre hollywoodiens, comme Phantom of the Paradise.

Réécriture de Faust, chronique de l’aliénation d’une masse face à un monstre incompris, peu importe l’angle sous lequel on le regarde, Le Fantôme de l’Opéra est un film débordant d’humanité… mais d’une grande tristesse.

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