PHILIP K. DICK



Philip K. Dick est l'auteur de science-fiction le plus populaire (en France particulièrement) des 50 dernières années. Il commence l'écriture au début des années 1950. 
Cette décennie va voir un changement très important prendre place dans la littérature de science-fiction, changement qu'il incarnera, populairement, aux yeux des lecteurs non spécialistes. 

Jusqu'au lancement de Spoutnik, en 1957, les voyages dans l'espace avaient inspiré une littérature pleine d'espoir. Depuis Icaroménippe, au IIème siècle après J-C, jusqu'à Jules Verne, ce but ultime de la science avait été envisagé de façon spectaculaire. Un savant génial mais rejeté de tous, au péril de sa crédibilité et de sa fortune, prenait le pari de prouver, seul contre le reste du monde, qu'il parviendrait à braver les dangers et à dompter les lois de la nature pour s'offrir la première conquête spatiale. Par ce biais, c'est l'humanité entière qui se verrait grandie, pensait-on.

Au lancement de la navette Spoutnik, on réalise que, loin d'être une aventure peuplée de héros, la conquête de l'espace est en fait une histoire de technologie avancée, qui doit son aboutissement à une guerre politique entre l'Est et l'Ouest, qui souhaitent chacun prendre un ascendant militaire symbolique.
Il ne faut pas occulter le fait que, dix ans plus tôt, la première catastrophe nucléaire, venait déjà poser les bases d'une crainte grandissante de la science et de ses évolutions qui gagnent en folie, et perdent en humanité. 
L'écrivain Thomas Dich souligne avec pertinence qu' "il a alors fallu apprendre à vivre avec les bombes, surtout en regardant ailleurs, en se concentrant sur le quotidien, je dirai sur l'aspect banal de notre existence. [...] C'est le quotidien [...] qui est devenu notre cauchemar."
Voilà le carcan même de l'oeuvre de Philip K. Dick, une oeuvre hantée par la dégénérescence scientifique, par l'oppression des machines, par la perte de liberté individuelle au profit d'une capacité de production collective digne de la plus banale des fourmilières...

Auteur halluciné, accroc au LSD, aux amphétamines et paranoïaque maladif, Dick ressentait cette oppression de façon envahissante et dans son horreur la plus abjecte. C'est ce qui transpire de son oeuvre et de sa perception de ce monde dont l'évolution et le progrès ont atteint un tel extrême que les hommes en reviennent à vivre de la façon la plus primitive.

Depuis le succès retentissant de Blade Runner, dans les années 80, Philip K. Dick est devenu un des auteurs dont les adaptations sont les plus attendues, et les plus redoutées, parmi les amateurs de cinéma fantastique.

Le format de la nouvelle, quasi systématiquement adopté par l’auteur, laisse la place à une interprétation très personnelle du réalisateur qui s’y attaque. C’est ce qui en fait un auteur intéressant à suivre au cinéma.

Le récent remake de Total Recall nous prouve bien que le même texte peut générer deux univers très différents dans l’imaginaire de chacun. Pour le meilleur, comme pour le pire…

(Cet article doit beaucoup à l'introduction de Jacques Sadoul à Une histoire de la science-fiction, 1958-1981 : L'expansion, publié aux éditions Librio en 2000)


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