PITCH BLACK (2000)

Réalisé par David Twohy, scénario de Jim Wheat et Ken Wheat, avec Vin Diesel, Radha Mitchell, Cole Hauser, Keith David,...



Synopsis : Les rescapés du crash d'un vaisseau cargo découvrent qu'ils ont atterri sur une planète désertique, en permanence illuminée par trois soleils et qui cache dans ses profondeurs de dangereuses créatures qui semblent mystérieusement avoir décimé toute forme de vie à la surface alors qu'elles craignent la lumière. Fait plus inquiétant dans l'immédiat : Riddick, le dangereux prisonnier que transportait le vaisseau a profité du crash pour s'échapper. Nos héros tente alors de s'organiser pour quitter cette planète au plus vite alors qu'un événement de taille se profile à l'horizon : une éclipse qui plongera la planète dans l'obscurité la plus totale, annonçant l'heure de la chasse pour les créatures.

C'est dans le courant de l'été 2000, que la sortie française au cinéma de Pitch Black se fait dans l'indifférence, et pour cause. Avec un scénario SF horrifique qui semble faible et trop classique au premier abord, un casting inconnu et des critiques peu positives, Pitch Black avait peu d'arguments pour attirer le public dans les salles (il aura néanmoins engrangé 53 million de dollars de recettes mondiales pour un budget de 23 millions).

C'est sous format DVD qu'il dévoilera petit à petit, à l'image de son scénario, ses qualités auprès des amateurs de science-fiction d'abord puis à un plus large public, gagnant peu à peu le statut de film culte.
Pitch Black se contente au commencement de respecter à la lettre les codes du space opera avec sa séquence d'ouverture qui nous offre une vue grandiose de l'espace, avec planète, comète et astéroïdes; puis surgissent ensemble le vaisseau (au design crédible et à l'esthétique réussie ; bon point car, à mon sens, l'esthétique mécanique est un critère important pour juger la qualité d'un titre SF), la musique, le titre et un discours en voix-off de Riddick pour poser l'ambiance et introduire le spectateur à l'univers qui l'attend.

Puis, rapidement mais discrètement, la dynamique du film se met en place et plonge le spectateur dans la tension psychologique qui caractérise les personnages et leurs rapports tout le long du film : chaque personnage présente une dualité, un côté sombre dont la mise en lumière et les implications se font au compte-gouttes et de manière étonnamment subtile de sorte que chaque point de l'histoire, chaque acte peut trouver une explication et nourrir une réflexion de la part du spectateur, qu'elle se limite aux motivations pratiques des différents protagonistes ou bien qu'elle soit carrément d'ordre métaphysique.



Car il ne faut pas beaucoup forcer l'interprétation pour estimer que ce groupe composé en majorité par des individus criminels ou pécheurs subissent le jugement divin dans ces épreuves, assaillis par des créatures dont la tête évoque la forme d'une croix (voir l'affiche en haut de page). Il est rarement question de hasard au cinéma : dans Alien, par exemple, la fin nous révèle que le vaisseau « Nostromo » n'a pas découvert le signal de détresse par hasard. Dans le cadre de cette interprétation, la collision avec la comète ne serait donc pas un hasard, pas plus que le crash coïncidant avec l'année de l'éclipse, mais l'acte de Dieu les menant droit vers l'ordalie. Et on se souvient de cette phrase de Riddick pour moquer la foi de l'imam lorsqu'une pluie torrentielle s'abat sur eux, éteignant leurs torches : « Où est-il votre Dieu, maintenant ? ». « Partout », pourrait-on lui répondre.

Bien sûr, Pitch Black n'est pas exempt de défauts. On regrette, par exemple, la surenchère d'effets visuels qui nous fait bondir d'une perception du monde à l'autre entre la vision nocturne de Riddick, la vision par écholocalisation des créatures, la distorsion de l'image pendant le crash et parfois des effets injustifiés comme le passage en couleurs négatives qui font passer la traque de Riddick pour un mauvais documentaire animalier sur les prédateurs nocturnes. Seul la surexposition et les différences de tons selon quel soleil illumine la planète sont appréciable et renforce positivement l'identité de cet univers. La bande originale aussi est sans charisme et est vite oubliée mais ces détails de forme trahissent plus un manque de goûts et de moyens de la production et n'entachent en rien la qualité générale du film à proprement parler.



Film sans grandes ambitions au départ, Pitch Black s'avère être le meilleur Alien-like depuis Aliens, le retour, dévoilant petit à petit sa profondeur, occultant ses défauts et s'offrant même le luxe réservé aux grandes histoires d'exciter les spéculations chez le spectateur qui fait que, qu'on y croit ou non, (en ce qui me concerne, je ne crois même pas à ma propre analyse de « l'épreuve divine ») on continue à parler du film avec ses amis cinéphiles longtemps après la fin des crédits.

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